L’univers des fous, la pratique musicale et le charlatanisme au cœur de « Le monde est un ballet » de Issa Traoré de Brahima
Les échanges du rendez-vous des cinéphiles du vendredi 24 janvier 2020 à l’institut Imagine ont porté sur le film « le monde est un ballet » du réalisateur burkinabè Issa Traoré de Brahima
Selon une croyance populaire surtout en Afrique de l’Est, utiliser les cheveux, le sang, les os, etc, d’un albinos pour un rituel apporterait la fortune. C’est sans doute pour cette que dans cette partie de l’Afrique les albinos sont victimes de persécutions, d’enlever et de tuerie. Dans certaines régions du continent c’est le clitoris qui est sollicité pour faire prospérité les affaires ou pour avoir des adeptes au niveau politiques. Le placenta ou l’eau de toilette du cadavre sont aussi sollicité ici ou ailleurs pour soit pour régner pendant longtemps pour ce qui des politiciens ou soit pour attirer des fans pour ce qui est des artistes.
Au Burkina Faso, toutes ces pratiques sont aussi monnaie courante et ce ne sont pas les témoignages qui manquent. D’ailleurs, certaines croyances font croire que pour devenir riche ou faire prospérer ses faires, il faut avoir des rapports sexuels avec une folle. Une prescription que certains « wakmen » n’hésitent pas à recommander à leurs adeptes. Dans les rues de plusieurs villes du pays des hommes intègres, l’on rencontre le plus souvent des folles soit en enceintes soit portant un bébé au dos. Les populations sont bien convaincues que les grossesses ont été contrastées pendant la période du dérèglement mental de ces personnes. Il y a trois à quatre décennies de cela, l’histoire d’une folle avec son bébé avait déferlé la chronique à Bobo Dioulasso. Les ainés racontent qu’elle avait été enceintée par un riche commerçant polygame.
Ces faits relevant d’union scandaleuse et immorale ont inspiré le cinéaste burkinabè dans la scénarisation de « le monde est ballet ». Il l’a confirmé au cours des entretiens du 24 janvier 2020 à l’institut Imagine. Selon lui, le film « est inspiré d’une série de faits réels ». Une folle bien connue dans les rues de bobo Dioulasso, patatras tombe enceinte et se retrouve avec un bébé.
Le synopsis fait ressortir l’histoire de Madongui, une chanteuse renommée, devenue folle suite à un accident de circulation lors de son voyage de noce. Elle y perdra également junior son époux. Quelques temps après le drame survenu, Madongui porte un enfant issu d’une union avec un industriel sans scrupule.
Tout le film tient dans le déplacement psychologique de Madongui qui nous conduit dans un univers mental constitué de souvenirs refoulés. A cela s’ajoute, les déambulations du personnage dans la ville. Ses déplacements dans l’espace sont ponctués de rencontres avec des personnages pittoresques comme l’Américain qui débarque de nulle part et qui croit à cette star déchue de son piédestal comme à un messie qui doit changer son propre destin.
Tout le film est tourné dans des décors naturels et vivants, avec des comédiens de renom tel que Abdoulaye Komboudri, Odilia Yoli, André Bougouma, Adama Pamtaba, Halidou « pagnagdé » Sawadogo, Laure Guiré, Flora Ilboudo, Amadou Achille Bourou, etc.
Abraham Bayili