Justice : Lookman Sawadogo relaxé au bénéfice du doute

Finalement, Lookman Sawadogo est relaxé « au bénéfice du doute ». Le directeur de publication du journal Le Soir était poursuivi, suite à un article publié sur la page Facebook du canard. Un article jugé diffamatoire par les six hauts magistrats du Conseil supérieur de la magistrature. La chambre correctionnelle du tribunal de grande instance de Ouagadougou a estimé qu’il n’y avait pas de quoi fouetter un journaliste. La décision a été rendue ce 10 aout 2017 à Ouagadougou.

Après les débats houleux toute la journée du 27 juillet 2017, les yeux étaient maintenant rivés vers le palais de justice de Ouagadougou. Que va faire le président ? suivre la réquisition du substitut du procureur qui avait demandé 12 mois de prison avec sursis et 300 000 F CFA d’amende contre Lookman Sawadogo ? Ou simplement relaxer le prévenu, comme ses avocats avaient suggéré ?

Ce 10 aout 2017, la fumée n’a pas tardé à s’échapper du toit du palais. Lookman Sawadogo était poursuivi par 6 magistrats de la commission d’enquête du Conseil supérieur de la magistrature pour avoir publié sur la page Facebook du journal une information faisant état de la plainte d’une justiciable contre un des membres de la commission. Il est ressorti libre du tribunal. Aucune charge n’est retenue contre lui.

La diffamation dont il est accusé, n’est pas constituée.

Une décision “satisfaisante“ selon un des avocats de l’accusé. « Le tribunal, après avoir examiné les faits a estimé que les faits de diffamation qui étaient reprochés à Lookman Sawadogo ne sont pas avérés dans la mesure où il y a un doute en ce qui concerne les faits. Et le tribunal pour cette raison, a décidé de relaxer purement M. Lookman Savadogo », explique Anna Sory. Par ailleurs ceux qui l’ont poursuivi ont été condamnés aux dépens.

Pour l’accusé blanchi, c’est la satisfaction mais pas la joie. « Le fait que le tribunal soit allé dans ce sens-là c’est une satisfaction parce que cela restaure dans notre esprit une justice qui se veut réellement indépendante. C’est vraiment un élément de satisfaction parce qu’on craignait avec beaucoup de raisons que c’était la liberté de presse et la liberté d’expression qu’on était en train d’assassiner au Burkina à travers ce procès là ».

Il est toutefois réservé parce que l’accusation peut faire appel. Mais son conseil, Me Anna Sory souhaite qu’on en reste là. « Je pense que la sagesse conseillerait d’abandonner cette procédure. C’était une procédure qui n’avait même pas sa raison d’être ».

Alors que certains craignaient que les intérêts corporatistes impactent la décision des juges, l’heure est maintenant aux félicitations. « On avait des craintes parce que les adversaires étaient de très hauts magistrats, même les patrons de ceux qui ont jugé. C’est dire que la justice peut être indépendante au Burkina si le juge accepte de s’assumer. Ce tribunal s’est assumé et il est à féliciter. Il a montré un exemple à suivre », a déclaré Issaka Lengani directeur de publication de l’Opinion.

Odette Diao

 

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