La parenté à plaisanterie est l’une des immenses richesses culturelles du Burkina Faso. Le mardi 29 mars 2016, elle a mis à l’honneur les Bissa et les Gourounsi, au Village des communautés de la 18e édition de la Semaine nationale de la Culture (SNC).
« C’est l’histoire d’un Bissa habitant à quelques mètres du château d’eau du quartier Sarfalao. Voulant aller en Italie, il est allé s’acheter une paire de chaussures au grand marché de Bobo-Dioulasso. De retour, il a porté les chaussures du marché jusqu’au rond-point du cinquantenaire où se termine le goudron. Comme il ne veut pas que les chaussures s’abiment, il les a enlevées et les a mises dans un sachet. Il a ensuite marché pied nu sur la voie rouge pour rentrer chez lui. Devant sa porte, il butte sur un caillou et se blesse le pied. Et notre Bissa de dire : heureusement que j’ai enlevé mes chaussures, sinon, elles allaient se gâter. Donc il préfère abimer son pied que ses chaussures ». Comme cette joute oratoire racontée par Karim Nadié, responsable du Village des communautés et Gourounsi d’origine pour « attaquer » ses parents à plaisanteries Bissa, le Village des communautés vit depuis son ouverture, une ambiance infernale. Chaque jour, deux communautés à plaisanterie sont à l’honneur et ce mardi 29 mars 2016, c’était le tour des Gourounsi et des Bissa. « Ils ont eu le podium, tout l’espace du Village pour se taquiner, se chamailler, s’insulter et se dénigrer dans une ambiance infernale et bon enfant », a confié Karim Nadié. Leurs troupes musicales respectives font des animations en plus du marché traditionnel et des joutes oratoires. Dans l’esprit du Village, chaque communauté s’exprime, montre ses valeurs et expressions culturelles. Certaines ont apporté des objets d’arts, d’arts vestimentaires, des mets et boissons locaux, de la musique traditionnelle. Le Village compte 40 communautés (donc 40 stands) composée de 26 communautés nationales et 14 communautés africaines. Chaque communauté est voisine de la communauté avec laquelle elle est parenté à plaisanterie. A entendre le responsable du Village, la mobilisation est satisfaisante et l’ambiance aussi.
Jean-Marie TOE