Grogne à la lutte traditionnelle Les encadreurs des lutteurs prennent en otage les compétitions

A la faveur du coup d’envoi des éliminatoires de la lutte traditionnelle comptant pour les activités de la 18e édition de la Semaine nationale de la culture (SNC) Bobo 2016, les encadreurs de la discipline ont manifesté leur mécontentement quant à leur prise en chargé, jugée insatisfaisante. Après près d’une heure de négociation des autorités qui ont promis résoudre le problème, la première séance des éliminatoires a pu se tenir.

« Nous ne sommes pas à l’aise dans notre traitement », a éclaté Bertrand Tuina encadreur de lutte de la région du Centre-Est, porte-parole d’une brusque manifestation organisée après les formalités d’usage d’avant-combat. « Les encadreurs se sont retrouvés et ont exprimé un certain nombre de besoins parce que sur les sites, les gens se sont rendus compte qu’il n’y a pas un traitement qui les convient notamment la prise en charge des encadreurs qui ne sont même pas comptabilisés dans les effectifs lors des différentes compétitions. Les encadreurs voudraient faire comprendre cela au comité d’organisation pour qu’ils puissent en tenir compte », a-t-il poursuivi. Un attroupement se forme autour des manifestants avec la présence du président de jury de la lutte traditionnelle, Pierre Badiel, également président de la fédération burkinabè de lutte. Il tente d’intervenir pour un retour au calme : « c’était bien que vous nous informez avant au lieu de prendre en otage la compétition. Je voudrais vous demander de lever l’obstacle pour nous permettre de faire la première séance pour que les enfants ne luttent pas sous le soleil ». Mais M. Tuina tient à exposer tous les problèmes que les encadreurs et les athlètes vivent. « Sur les sites nous sommes souvent obligés de négocier certaines choses pour les avoir. La question des prises en charge ne se situent pas seulement au niveau des phases finales mais également jusqu’aux éliminatoires régionales. Sur le site, les enfants sont laissés à eux-mêmes. Il n’y a pas d’eau de ravitaillement. Les enfants sortent dans la nuit pour chercher à boire et cela n’est pas intéressant. Après les régionales aux éliminatoires, nous avons constaté que les troupes reçoivent des primes de préparation contrairement aux lutteurs qui ne reçoivent rien du tout ». Selon lui, « la prise en charge d’un encadreur, ce n’est pas le nourrir, lui donner un plat à manger mais sa prise en charge pour qu’il puisse se nourrir, se loger correctement. Nous sommes logés avec les enfants et on n’a pas d’intimité. Il y a des endroits où les filles dorment avec les garçons. Les délégations qui parcourent 700 à 800 km pour arriver en un jour sans repos, sans escale et sans repas en cours de route. Pour des enfants c’est difficile ». La compétition a démarré mais ce n’est pas sûr que le problème sera résolu car selon la directrice régionale des sports et des loisirs des Hauts-Bassin, Colette Ouédraogo, « on n’a jamais dit aux deux responsables (hébergement et restauration) qu’il y a quelqu’un qui ne mange pas sur les sites. Aucun problème de matelas n’a été posé et j’ai rendu compte à mon président de commission. Même si on veut résoudre ce problème ça ne peut pas être possible à cette édition ». Elle a poursuivi que « même si on veut vous satisfaire, il faut monter des dossiers pour avoir de l’argent. Laissez-nous aller au dialogue et on va améliorer. On est conscient et on comprend » et à Pierre Badiel de confirmer : « du coup comme ça je ne suis pas convaincu que nous allons trouver une solution sur place. Il faut produire un document avec toutes les revendications. Soyons sages sinon c’est notre discipline qui en pâtira ».
Adama SALAMBERE

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