JCFA 2016 « Fille de sa mère » : Susciter la réflexion sur l’éducation des enfants face la modernité

« Fille de sa mère » est un long-métrage  coréalisé par deux jeunes burkinabè, Carine Bado et  Serge Armel  Sawadogo. Cette  fiction de 90 mn a été présentée au public du CENASA   le samedi   5 mars 2016 à l’occasion de la 4eme édition des Journées Cinématographiques de la Femme Africaine de l’image.

L’histoire se  déroule  au sein d’un couple ayant une fille unique Aida (17 ans). C’est une famille sans histoires qui vit en parfaite harmonie. Les parents tous deux travailleurs, font tout ce qu’ils peuvent pour subvenir aux besoins de leur fille selon les exigences  de la modernité. Ils lui ont accordé trop de liberté si bien qu’elle refusait souvent de les obéir. Aida est très complice avec sa maman qui lui fait des confidences.  C’est ainsi que la découverte de photos compromettantes du père avec une gonzesse sur les réseaux sociaux, preuve de l’infidélité de ce dernier amène Aida  à se révolter contre lui. La famille risque de se disloquer. Pour l’un des réalisateurs, cette œuvre traduit le reflet de l’éducation  de la jeunesse africaine actuelle « certains pensent de nos jours que pour  être de bons parents, il faut être trop complices avec l’enfant, tout lui dire, ne rien lui cacher. A tel point qu’il n’y a pas de sujet tabou. Ce n’est pas tout qu’on dit à l’enfant, il y a des limites.

Aborder le thème de l’éducation des enfants à travers une démarche  particulière bâtie sur des symboles forts, c’est ce que les réalisateurs ont su faire en mettant en valeur certaines traditions : un père qui fait lui-même la lessive devant sa femme et sa fille, c’est remettre en cause son autorité de chef de famille.  De plus, l’insolence d’Aida à  l’endroit de son père a conduit  ce dernier à laver ses mains dans une calebasse d’eau, signe qu’il  renie sa fille. En Afrique, un tel acte montre qu’il n’y a plus aucun lien entre vous. C’est comme si  sa fille n’existait plus à ses yeux.

Autre fait majeur à relever, le jeu des comédiens. Aux côtés des acteurs professionnels avertis comme Leila Tall et Alassane Dakissaga, Aida de son vrai nom Charlotte Naomie Zabsonré  a incarné  sans faute son rôle de fille «  impolie » pour un premier long-métrage.  Outre la qualité des sons et des images, les réalisateurs ont misé sur l’harmonie des couleurs des costumes et du décor en fonction de chaque situation vécue par la famille. Même si on s’attendait au pire vu les rebondissements à la fin, Aida demande pardon à son père et réintègre la famille suite à l’intervention d’une tante. Loin de donner des solutions, Carine Bado pense que c’est une manière de continuer à susciter la réflexion sur les bouleversements que provoque la modernité sur l’éducation des enfants.

Rachelle Somé (ASCRIC-B)