Le Village des communautés de la 18e Semaine nationale de la culture (SNC) continue de vivre au rythme de la parenté à plaisanterie. Ce vendredi 1er avril 2016, les communautés du Sud-Ouest et celles des Cascades et Kénédougou « s’affrontaient ».
Entre les peuples du Sud-ouest et ceux de Kénédougou, qui sont les esclaves et qui sont les maîtres ? Pour avoir la réponse, il fallait être au Village des communautés de la SNC Bobo 2016, ce vendredi 1er avril 2016. Et cela n’était pas non plus évident, selon que vous n’êtes ni de l’une ou l’autre communauté. Pour sûr, l’ambiance était conviviale mais empreinte d’attaques et de critiques acerbes qui finissent dans la plaisanterie. « Les Pougouli sont des sorciers » ; « Est-ce qu’il y a quelqu’un qui est plus sorcier que celui voyage sur des peaux de moutons », sont entre autres, les échanges souvent houleuses qu’on pouvait entendre sur l’aire du Village des communautés. Chacun, de son côté, et parfois à tour de rôle, des troupes Dagara, Lobi, Djan, Birifor, Pougouli, Toussian, Gouin, Turka et Sénoufo animaient le site. Aussi, ces communautés proposaient leurs mets, symbole de leur culture et de leur origine, mais aussi des objets divers entrant dans leurs activités quotidiennes. « Cette journée est une parfaite harmonie », a confié Oumar Da de la communauté Birifor. Il dit ne pas comprendre comment les communautés des Cascades peuvent être installées à côté de leurs esclaves du Sud-Ouest. « Quand nous partons à Banfora, il n’y a personne. C’est nous qui sommes là, c’est nous qui commandons. Ici, nous sommes venus exposer nos objets d’origine. Mais eux, c’est le bangui qu’ils exposent. Nous ne sommes pas pareils », a-t-il ajouté. Et son voisin de stand, Soungalo Sirima, représentant de la communauté gouin, de répliquer que ce sont les peuples du Sud-Ouest, les esclaves. « A ma gauche et à ma droite, ce sont mes esclaves. Tout le monde sait que le chef est toujours entouré de ses esclaves. Donc c’est nous qui sommes les maîtres », a-t-il confié. Depuis la nuit des temps, a-t-il poursuivi, les Gouin étaient utilisés par nos grands-parents comme des garçons de maison et de boys. La légende doit se perpétuer, a-t-il dit et comme l’esclavage a été aboli, ils sont obligés d’encadrer leur maître lors des cérémonies et manifestations publiques.
Jean-Marie TOE