La commune de Ouagadougou a décidé, dans le cadre de la mise en œuvre du Projet de développement durable de Ouagadougou (PDDO), d’engager des travaux d’aménagement de la gare routière Ouaga-inter. Ainsi, les commerçants et autres occupants des lieux ont jusqu’au vendredi 5 avril 2019 pour quitter la gare. A quelques heures de cette date butoir, les commerçants de Ouaga-inter dénoncent la décision de l’autorité communale. D’autres disent attendre d’avoir des précisions sur leur site de réinstallation. Bon nombre d’entre eux ignorent carrément qu’ils doivent partir avant le 5 avril.
A quelques heures de la date limite donnée aux occupants de la gare routière Ouaga-inter pour quitter les lieux, des commerçants haussent le ton contre l’autorité communale. Ils disent être mécontents de la décision des autorités, qui aura pour conséquence la fermeture de plus de 235 boutiques à la gare routière.
Certains commerçants disent ne pas savoir sur quel site ils seront réinstallés pour continuer à exercer leur activité. Dans l’ensemble, ils ne sont pas opposés aux travaux de rénovation de la gare Ouaga-inter. Pour eux, le chantier va donner un autre visage à leur lieu de travail. Ce qu’ils dénoncent, c’est la méthode utilisée par la mairie.
Pour Jean-Baptiste Zoungrana, responsable des commerçants de la gare routière, tout a commencé à leur retour de Niamey, où ils sont allés visiter le marché de la capitale nigérienne, en compagnie de l’adjoint au maire de Ouagadougou. « Quelques jours après, ils nous appellent pour nous informer qu’ils veulent commencer le travail. Dans la foulée, nous avons eu à faire trois réunions. Après ces trois réunions, nous avons été surpris par cette note de la mairie qui intime aux usagers de quitter les lieux le 5 avril ».
Pour certains commerçants comme Moussa Sorgho, il n’est pas question de bouger. « Cela fait 34 ans que je suis installé ici et un jour vous venez pour déguerpir les commerçants comme des voleurs sans chercher un site pour eux afin de leur permettre de continuer. Moi je suis là jusqu’au 5 avril, car je n’ai pas d’endroit où aller actuellement », dénonce-t-il .
Si l’ultimatum de la mairie semble susciter le courroux des commerçants, certains transporteurs accueillent la décision avec le sourire. Pour Abdoulaye Sana, membre de l’Organisation des transporteurs routiers du Burkina (OTRAF), « cela fait dix ans que nous avons voulu la construction de notre gare. Ce sont les commerçants qui font du bruit. La gare, c’est pour les transporteurs et non pour les commerçants ». Du côté de la mairie, l’idée d’une indemnisation des usagers n’est pas encore à l’ordre du jour. Du reste, un comité de facilitation composé des couches socioprofessionnelles des gares routières sera mis sur pied pour faciliter le dialogue.
A en croire Boureima Kaboré, directeur général de l’Agence municipale des grands travaux, « les syndicats de la gare ont été approchés et des pourparlers ont permis de dégager un consensus entre la commune et les usagers ». Au terme de cette rencontre, les occupants de la gare s’étaient engagés à quitter les lieux avant la date butoir, pour un « espace » aménagé temporairement pour l’occasion. Mais le responsable des commerçants avance un autre discours : « Il nous a dit qu’il n’a pas de site pour nous donner parce que Ouagadougou est saturé ».
Le coût total des travaux de rénovation de la gare Ouaga-inter est de 4 milliards de F CFA. L’opération se poursuivra dans plusieurs autres gares routières. Le projet est financé par l’Agence française de développement (AFD).
Lefaso.net