Le 16 octobre 2017 marque la commémoration de la 37e Journée mondiale de l’alimentation (JMA), qui se tient dans un contexte national et international marqué par des vagues de migrations. Fort de ce constat, les acteurs faisant le rapport entre la migration et la sécurité alimentaire ont décidé de placer la 37e JMA sous le thème : « Changeons l’avenir des migrations. Investissons dans la sécurité alimentaire et le développement rural ».
Dans les pays de l’Afrique subsaharienne, la conjugaison de certains facteurs naturels et anthropiques freine l’essor des activités agricoles censées contribuer à une proportion relativement importante au Produit Intérieur Brut (PIB). Le corollaire immédiat en est la paupérisation de plus en plus croissante de la population, favorisant le développement de certains reflexes telles les migrations.
Par ailleurs, l’explosion démographique, l’exclusion et la marginalisation sociales, les conflits, le faible accès aux ressources comme la terre, le crédit, l’accès difficile aux marchés prédisposent certaines populations aux mouvements migratoires.
Dans le contexte burkinabè, les migrations sont marquées par des déplacements de populations des zones pauvres en ressources naturelles et à faibles activités économiques vers des zones plus propices. Le fait que l’agriculture soit confrontée aux caprices du climat, aggravés par le faible niveau de technicité et d’équipements des producteurs, la faible maitrise des ressources en eau destinées à la production agricole, et l’insuffisance des intrants de qualité, exposent incontestablement certaines populations à une migration saisonnière dans l’optique d’échapper à une éventuelle crise alimentaire.
En outre, nous enregistrons depuis belle lurette des flux migratoires vers les pays côtiers aux ressources plus abondantes avec tout naturellement une forte demande de main d’œuvre.
Au vrai, les migrations sont loin de constituer une panacée aux questions de sécurité alimentaire. Car l’acte de migration, lui-même, peut être une source d’insécurité alimentaire, compte tenu du manque d’opportunités de revenus, dans bien des cas.
Dès lors, il s’avère nécessaire, pour nous acteurs du développement rural, de poursuivre la mise en œuvre et le renforcement des actions à même de garantir à nos citoyens les conditions d’une sécurité alimentaire et nutritionnelle durable susceptible de réduire les desseins migratoires.
A ce titre, le Gouvernement, à travers le département en charge de l’Agriculture, a mis à la disposition des producteurs agricoles, à prix fortement subventionnés, des semences améliorées, des intrants et équipements d’une valeur de 19 milliards de francs CFA au début de la campagne agricole en cours. Il a également consenti 14 milliards de francs CFA pour le financement de microprojets dans les collectivités territoriales du pays.
Par ailleurs, en vue d’appuyer les capacités de production par la maîtrise de l’eau, notre département a engagé de nombreuses actions d’aménagements de périmètres irrigués et de bas-fonds, de promotion de technologies innovantes d’irrigation, de développement de petits ouvrages de mobilisation des eaux et de restauration des terres agricoles. Ces mesures s’inscrivent dans un programme annuel d’aménagement d’un coût estimé à 52, 54 milliards de francs CFA.
Avec le soutien de nos partenaires techniques et financiers, nous avons mis en place un plan de riposte à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages vulnérables évalué à 22 milliards de francs CFA pour l’année en cours. A cet effet, il est prévu au profit des populations cibles, des opérations de cash, de distribution gratuite de vivres, de ventes de céréales à prix social, etc.
Je réitère l’engagement du Gouvernement à travailler pour un monde libéré de la faim et de la malnutrition.
J’invite tous les acteurs à renforcer les appuis et à développer des initiatives nouvelles pour changer l’avenir des migrations à travers un investissement durable dans la sécurité alimentaire.
Jacob OUEDRAOGO
Officier de l’Ordre National