Enseignement supérieur au Burkina Faso : Attention aux clandestins et aux voyous

    La Direction générale de l’Enseignement supérieur du Ministère des Enseignements supérieurs de la Recherche scientifique et de l’Innovation (MESRSI) a mené une opération de salubrité publique dans le secteur de l’enseignement supérieur privé au Burkina Faso. Il s’agit de missions de suivi-contrôles qui se sont déroulées entre févier et avril 2017 dans les Institutions privées d’enseignement supérieur (IPES). Ce sont au total, 112 institutions privées d’enseignement supérieur qui ont été inspectées conformément aux dispositions du cahier des charges qui régit les IPES. Les conclusions de ces inspections ont été livrées à la presse le jeudi 31 aout dernier dans la salle de conférences du MESRSI. Que retenir ?

Dr Mariette Minougou,DGESUP

Conformément aux articles 35, 36 et 37 du chapitre 10 du cahier des charges qui régit les institutions privées d’enseignement supérieur (IPES), celles-ci sont soumises au suivi-contrôle administratif et pédagogique du Ministère en charge de l’enseignement supérieur. L’objectif étant de s’assurer du respect des dispositions dudit cahier. C’est dans cette optique que trois équipes, constituées des agents de la Direction générale de l’Enseignement supérieur (DGESUP) et de la Direction des Affaires juridiques et de la Coopération (DAJC) du MESRSI ont effectué entre février et avril 2017, des sorties dans toutes les localités du Burkina Faso abritant des Institutions privées d’Enseignement supérieur (IPES). Cent douze (112) IPES ont été inspectées à cet effet. Selon les propos de Dr Mariette Minougou, DGESUP/MESRSI, « Les missions de sui-contrôle dans les IPES se sont déroulées sous forme d’entretiens avec les fondateurs et/ou les responsables administratifs selon un questionnaire synthétique du cahier des charges préétabli par la Direction des Institutions privées d’Enseignement supérieur (DIPES). Au cours de ces entretiens, les équipes ont également examiné les différents documents officiels des IPES, afin de s’assurer de leur conformité et de leur authenticité ». Ainsi, les suivi-contrôles ont été faits autour de cinq (5) grandes articulations à savoir l’organisation et la gestion administrative ; la gestion financière ; la gestion pédagogique. Ces trois points en plus des suivi-contrôles ont aussi été suivis de vérifications des documents afférents aux IPES. L’inspection des infrastructures et les équipements et les dispositions légales sont enfin les derniers grands axes du suivi-contrôle.

L’analyse des informations recueillies sur chacun des grands axes et ses déclinaisons a conduit à une classification qualitative des IPES. Ainsi, sur les cent douze (112) universités, écoles et instituts supérieurs et centres de formation privés, trente trois (33) ont été jugés de bonne qualité (la liste dans la prochaine publication) par les inspecteurs. Poursuivant le classement, vingt neuf (29) IPES ont été jugées d’assez bonne qualité tandis que seize (16) sont considérées de qualité acceptable (moyenne). Dans ce classement l’on découvre également que onze (11) IPES ne méritent pas d’exister. Parmi elles,  six sont jugées de mauvaise qualité, ce sont : l’Institut supérieur d’Innovation en Gestion et Management (IS/IGEMA) à Ouagadougou, de l’Institut africain des Industries culturelles (IAIC) à Ouagadougou, de l’Institut supérieur des Sciences appliquées et technologiques (IN2SAT) à Ouagadougou, de l’Ecole supérieure de Tourisme et de l’Hôtellerie (ESTH) à Ouagadougou, de l’Ecole supérieure africaine de la Flamme de l’Espoir (ESAFE) à Ouagadougou et de l’Institut des Hautes études Cheick Modibo Diarra (IHE-CMD) à Bobo Dioulasso. Toujours dans la classe des mauvais élèves, cinq (5) IPES ont été jugées de très mauvaise qualité. Il s’agit de l’Institut supérieur de Technologie et de Gestion (ISTG) à Ouagadougou, de l’Institut supérieur de Droit international et de Droit de l’Homme (ISDIDH) à Ouagadougou, de l’Institut des Sciences pour l’Entreprise et la Gestion (ISEG) à Ouagadougou, de l’Institut privé d’Enseignement supérieur de Koudougou (IPES/K) et de l’Institut des Sciences techniques et de Management (ISTM) à Ouagadougou.

le SG/MESRSI, Pr Tanga Pierre Zoungrana

Parcourant toujours le rapport des inspecteurs, l’on s’apercevra que pire, il y a des IPES clandestines et d‘autres qui se comportent comme des voyous. Cinq (5) IPES clandestines ont été épinglées car fonctionnant sans aucune autorisation du ministère de tutelle. Ces clandestins sont : l’Institut IMHOTEP à Ouagadougou, Hautes études de Management et d’Agropastorale (HEMA) à Bobo Dioulasso, Charles de Gaule à Bobo Dioulasso et l’Ecole supérieure privée de Technologie de Koudougou (ESPT/K).

Si certaines IPES ont accepté d’ouvrir leurs portes aux inspecteurs, d’autres par contre se sont compotées comme des voyous. Ils ont tout simplement renvoyé au diable les équipes d’inspections. Le Centre d’études et de formation en Informatique de Gestion (CEFIG) à Ouagadougou et l’IP/Shalom en émettant un refus catégorique de réception des équipes d’inspection ne peuvent être considérées comme des « IPES voyous ». Ce refus constitue en soi une violation grave des dispositions du cahier des charges et seuls les délinquants peuvent agir ainsi. Comme le dit l’adage populaire « qui ne se reproche rien n’a rien à cacher ». Il s’agit d’une simple vérification, pourquoi donc avoir peur ? D’ailleurs, pour le Pr Tanga Pierre Zoungrana, Secrétaire général du ministère « ce travail s’est effectué dans le souci d’accompagner les différents promoteurs du privé, dans la mise en œuvre de leur projet d’éducation et ce, conformément au règlement en vigueur ». Pour lui, en raison de la contribution du privé dans l’offre de l’enseignement supérieur, « il faudrait que l’Etat sache jouer sa partition, en offrant d’abord son accompagnement aux promoteurs du privé en vue de les conduire vers un enseignement de qualité. Cela sous-entend, qu’il faut mettre l’accent sur la sensibilisation des promoteurs et donner la bonne information aux étudiants et aux parents d’élèves ». A cet effet, le Pr Tanga P. Zoungrana a annoncé qu’au terme de chaque année académique, le répertoire des établissements officiellement reconnus sera publié.

En tout état de cause, le travail mené par le Dr Mariette Minougou et son équipe mérite d’être salué et félicité à plus d’un titre. Il sera plus qu’utile aux nouveaux bacheliers, aux étudiants, aux parents qui pourront aisément faire leurs choix et ce, sans crainte et en toute lucidité. Il s’agit là d’une initiative de « salubrité » publique dans le secteur de l’enseignement supérieur qui pourrait décourager les éventuels commerçants véreux qui s’aventurent dans ce milieu très sensible pour la formation des ressources humaines de qualités. Les Institutions privées d’Enseignement supérieur (IPES) sont certes des structures privées et commerciales mais elles remplissent une mission de service public. Une opération de propreté dans ce milieu sera toujours la bienvenue.

Abraham Bayili

 

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