La compagnie Seko de Sya est entrée en compétition dans la catégorie danse de création le lundi 24 juillet dernier. En quatorze minutes de prestation, les ambassadeurs de la culture burkinabè ont séduit les nombreux spectateurs de la salle Kodjo Eboulé du palais de la Culture de Treichville avec leur création intitulée « Liberté ». Une création qui défend la cause des Albinos, souvent victimes de discriminations dans plusieurs sociétés en Afrique.
Lundi 24 juillet 2017, il est 18h30 mn dans la salle Kodjo Eboulé du palais de la Culture d’Abidjan. Le tirage au sort est fait et les vingt groupes en compétition dans la catégorie danse de création connaissent l’ordre de passage. Après avoir suivi respectivement les spectacles des représentants de Madagascar, du Tchad et de l’Arménie, c’est désormais à la compagnie Seko de Sya d’occuper la scène. Le spectacle « liberté » peut commencer. Un décor léger comportant deux marionnettes géantes positionnées tout au fond dans les deux extrémités de la scène attirent l’attention du public. Sur la trajectoire horizontale des marionnettes mais de façon axiale, une femme vêtue de blanc se tord de douleur. Elle est couchée par terre. La blancheur de la tenue et la douche bleue du projecteur mettent plus en exergue ses mouvements du corps et des membres. Puis des sonorités mélancoliques d’une flute retentissent permettant ainsi au personnage d’entonner sa complainte. La détresse d’une mère qui dénonce en langue nationale Dioula le traitement inhumain subi par son fils, un albinos. Pour cette mère, tous les enfants sont pareils. Pourquoi alors tant de discrimination envers les Albinos ? Cette scène se présente comme le tableau introductif du spectacle de la compagnie Seko de Sya. La réponse à la question de la mère sera donnée dans le dernier tableau, le huitième qui invite la société à plus de tolérance et de solidarité envers les Albinos et à les accepter en tant qu’être humain.
En quatorze minutes cinquante secondes, les danseurs Yaya Sanou, Alassane Ouédraogo, Augustin Dafrassira, Arsène Privat Koté, Kader Coulibaly et Hyacinthe Sanou déroulent avec commisération l’ensemble des huit tableaux sur le sort pitoyable des albinos dans les sociétés africaines. Les tableaux se succède et permettent au public d’apprécier l’harmonie dans les mouvements, les gestes des danseurs. La musique de soutien plonge entre autres le spectateur dans une Afrique à la fois moderne et traditionnelle. Un répertoire musical issu du mandingue et du Fouta Djalon est parfaitement exécuté par Soumaïla Diarra avec la flûte et le balafon. Au même moment, Massa Adama Dembélé maniait avec dextérité la Kora et la percussion. Le volet contemporain est perceptible à travers la musique de studio alternée avec celle jouée par Diarra et Dembélé. Dans ce spectacle mis en scène par Omar Demé, les technologies de l’information et de la communication ont été aussi mises à contribution. A titre illustratif, la projection de diapositives accompagnée de la diffusion synchronisée d’un fond sonore a déstabilisé la salle par une vive émotion.
Au-delà du spectacle, la création de la compagnie Seko de Sya traite d’un problème important, celui de l’utilisation des Albinos pour des sacrifices rituels. Selon certaines croyances, les différentes parties de leur corps donneraient le pouvoir et la prospérité. S’il est vrai que les gouvernements ont pris des mesures afin d’enrayer la situation de discrimination des albinos, il n’en demeure pas moins que juste ici ils ont besoin d’être protégés, d’être regardés d’une autre manière. C’est ce combat qui a été porté sur scène par la compagnie Seko de Sya à l’occasion de ces VIIIe Jeux de la Francophonie. En clair, la création des danseurs burkinabè véhicule le message de tolérance.
Abraham Bayili, Ouaga-Abidjan