Dédicace de livre Le Pr Albert Ouédraogo s’interroge sur la place de la chefferie

DSC_6324« Démocratie et cheffocratie ou la quête d’une gouvernance au Burkina Faso », c’est le titre de l’œuvre de 214 pages que le Pr Albert Ouédraogo a dédicacé, ce mardi 29 mars 2016 à l’Institut Français de Bobo-Dioulasso, en marge de la 18ème édition de la Semaine Nationale de la Culture (SNC). Ce livre pointe du doigt la manipulation de la chefferie à des fins politiques au Burkina Faso. Il a été édité en 2014,

« Les gens sont friands des danses et autres spectacles et pour les œuvres littéraires, on ne voit presque personne », c’est par ces mots que le Docteur Albert Ouédraogo a introduit l’exposé du contenu de son livre. Le livre met en lumière le comportement des gouvernants burkinabè vis-à-vis de la chefferie traditionnelle.Selon lui, ces détenteurs du vrai pouvoir des terroirs sont mis aux oubliettes par les politiques et sont subitement sollicités pour calmer le climat social lorsqu’il y a crise. « N’eût été la doigtée et la disponibilité de la chefferie traditionnelle, le chaos se serait installé au Burkina Faso à la suite des différences graves crises qu’a connues le pays, notamment, l’insurrection populaire d’octobre 2014 et le coup d’Etat manqué de septembre 2015 », a-t-il déclaré. Selon lui, la chefferie traditionnelle s’exerce sous plusieurs formes : la chefferie culturelle et la chefferie cultuelle. « La chefferie culturelle est celle qui gérait les différentes communautés avant l’arrivée du colon et la chefferie cultuelle est celle qu’exercent les chefs de terre, de culte, etc ». Ces différentes chefferies sont les véritables âmes du Burkina, selon le Docteur. Mieux, « elles ont survécu à la colonisation, à l’indépendance, à la révolution, à la transition et tout récemment, à l’insurrection ». L’auteur va plus loin en reconnaissant que la chefferie traditionnelle est l’essence du vivre ensemble car, elle incarne les valeurs morales  de probité, du partage, du respect des anciens, des ancêtres, du culte, etc. En ce qui concerne la justice sociale, Albert Ouédraogo pense que la chefferie joue un rôle important dans l’éducation de la société. « Elle doit pour autant, agir dans le respect de la légalité ».  L’auteur a aussi mis en garde les politiques de ne pas continuer à utiliser la chefferie à des fins politiques. « Si l’on ne veut pas voir les gadgets dans les meetings politiques, il ne faut pas non plus voir les têtes couronnées dans ces mêmes meetings » : a-t-il insisté. Selon lui, des chefs traditionnels sont trempés dans la politique pour sauver leurs bonnets. De sa réflexion, il plaide pour sortir la chefferie de l’informel, de la précarité car, « un chef indigent (pauvre) n’est pas écouté » avant de noter que « si les chefs traditionnels sont considérés à leur juste valeur, ils seront mêmes les garants de la démocratie moderne à laquelle nous aspirons ». Pour ce faire, le professeur  a émis le souhait de voir sauver la chefferie. Le livre est disponible dans les librairies de Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.

Fabé TRAORE