« Haïti Bride » La démonstration de Ramesar Yao

« Haïti Bride » est le 4e long métrage du prolifique cinéaste trinidadien Ramesar Yao. Le film porte un regard intimiste sur Haïti détruit par le tremblement de terre du 12 janvier 2010. Réalisé en 2014, il est en compétition pour l’Etalon d’or 2015, à la faveur de l’ouverture du prestigieux prix à la diaspora africaine.

Haiti Bride -capture cath+®draleCe film développe un point de vue qui tranche avec la mise en scène de la misère que l’on nous sert souvent suite aux  catastrophes naturelles dans les pays pauvres !

C’est l’histoire de Marie-Thérèse, une jeune haïtienne exilée aux Etats-Unis et son amoureux Paul rentrent au pays pour convoler en justes noces. Le jour du mariage, le 12 janvier 2010, dame nature leur offre en cadeau de mariage le tremblement de terre le plus violent de l’histoire de l’île. Paul et sa dulcinée sont séparés.

Au 1er anniversaire de mariage, Marie-Thérèse (incarnée par Tahina Vatel) revient en Haïti. Ce 12 janvier 2011, elle parcourt Port-au-Prince dévasté par le tremblement de terre, vêtue de sa robe de mariée et va se recueillir sur les ruines de la cathédrale qui abritait la cérémonie. Elle est à la recherche de son Paul (l’acteur Lentz F. Durand) qui, de son côté, a commencé à séduire une autre fille.

Certes, « Haïti bride »est un film à petit budget, tournée avec une équipe technique réduite – comme Ramesar Yao en a l’habitude –en fin 2010, début 2011 et en juin 2012 : le réalisateur est aussi scénariste et producteur. Mais il est techniquement riche en qualité.

Haiti Bride - cathedrLa réalisation nous gratifie d’une superbe direction photo signée Edmund Attong. On se délecte des somptueux paysages de ce pays, ses collines verdoyantes et fertiles, ses magnifiques chutes d’eau, …, décor naturel du film !

De plus, le tournage dans le décor naturel qu’offrent aussi les ruines laissées par le tremblement de terre, associé à une certaine manière de bâtir le récit donne un caractère documentaire à la fiction du trinidadien.

Le récit de Ramesar Yao ne respecte pas l’ordre chronologique de l’histoire. Si c’est un atout pour l’esthétique du film, l’on regrette que les déplacements dans le temps ne soient pas souvent clairement perceptibles.

 

« Haïti Bride », c’est une « petite histoire » bien portée à l’écran ; une histoire de petites gens, de gens ordinaires, magnifiés par Ramesar Yao. Le réalisateur réussit à nous attacher à ses personnages avec l’usage de gros plans.. L’intention du réalisateur se confirme à travers la récurrence de ces plans en contre-plongée et d’autres montrant les mariés au milieu des ruines laissées par la catastrophe.

Dommage, pour nous autres francophones, que le film ne soit pas sous-titré en français ! On l’aurait mieux savouré ! « Haïti Bride » est en créole, sous-titré en anglais. Mais il faut tout de même aller voir le film qui se laisse consommer. D’ailleurs, Ramesar Yao, le trinidadien né au Ghana, lui-même ne parlant pas créole a réussi à diriger des acteurs dans cette langue.

Diomède SANFO

« Haïti Bride » de Ramesar Yao, Trinidad et Tobago, 64mn, 2014, Compétition

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