« Kuitata », « Zoropto », « Tchoumakaya », « Kababeleke». Autant de pas de danses qui rappelle l’évolution du coupé décalé sur la scène musicale africaine. Autant de concepts qui font penser à des disc-jockeys comme Lewis, Arafat et Serges Beynaud…. Honoré Essoh, jeune réalisateur de cote d’Ivoire dans sa dernière création cinématographique oriente sa camera sur le style de vie de ces « griots modernes » au travers de Aris Dj et Dj Napo dans une fiction intitulée « Génération décalée ».Un film livré aux cinéphiles sur le site du SIAO, à veille de la clôture officielle du Fespaco, ce vendredi 06 à 17 heures.
L’ambiance est au top entre Aris Dj et Dj Napo. Ils sont aussi les stars du moment. Un incident provoque la rupture entre ces deux frères de la musique urbaine. Ce problème social se transfert dans l’arène du décalé coupé. Chacun des deux veut devenir le champion. Alors un face à face est programmé au Stade Didier Drogba ; affaire de « kata » pour être « le champi » du micro entre ces animateurs ….
Les fêtards
Les faiseurs de coupé décalé sont dans le rôle qu’on leur donne. Partie d’Atalaku, vie de vedette, grand boucan, alcool au menu sont entre autres des séquences de cette vidéo. Aris Dj, lui tourne le dos plus tard à cette vie afin de mener ses études supérieures. Un message de la réalisation certainement, le coupé décalé par le biais de ces acteurs de premier plan que sont les Dj peut fait partie de la génération consciente de l’Afrique.
Discours à une génération
Quel objectif ? La camera de Honoré Essoh n’est pas seulement dans l’amusement. Il faut noter que le discours qu’il tient sur un genre musical en vogue tient lui-même de l’art. On enregistre sur les différentes vues qui s’enchainent : démonstration de danses, play back mais aussi des chansons a capella. Dans cette ambiance, le spectateur dénote que le coupé décalé porte les marques de l’oralité de nos griots d’Afrique. La puissance de l’éloquence des Dj s’appuie sur des proverbes. Aris Dj démontre ainsi dans une de ces compositions que « répondre au coup de pied de l’âne, c’est se mettre au même niveau que lui. Au delà de ces concurrences verbales auxquelles s’adonnent ces gens du micro. Le parler des personnages semble enfermer le film dans une tour d’ivoire. Le film se coupe d’une partie du monde lorsqu’il met en scène uniquement comme discours dominant le nouchi (français de cote d’ivoire). Le réalisateur doit penser le film dans l’universalité en sous titrant son œuvre en français ou en anglais classique. Le discours film doit traverser par moment la rue Cases- Nègres d’Adjamé pour offrir un cinéma « Liberté » de compréhension. Tout de même, Essoh présente une génération face book dans ses images qui a peut être ces mots de passe pour lire entièrement sa création audiovisuelle.
Victor KABRE