Tourné en Guadeloupe à la suite des grèves générales de 2009, le documentaire Sur un air de révolte décortique la musique gwoka et ses significations.
En 2009, la Guadeloupe a connu 44 jours de grèves générales contre la vie chère. Une situation que la France, dont la Guadeloupe est un département d’outre-mer (DOM), n’a pas vraiment apprécié.
Dans les rues, à cette période, une foule de tout âge et de toutes origines, scande en chœur des chansons lancées par des syndicalistes. Utilisant l’une d’entre elles (« La Guadeloupe est à nous, elle n’est pas à eux ») comme fil rouge du film, Franck Salin nous raconte l’histoire de son île, ses luttes syndicales, son passé esclavagiste complexe et ses identités multiples au travers d’une musique à portée politique, le gwoka, dont il parlait déjà dans son premier documentaire L’appel du tambour (2008).
A travers des interviews de syndicalistes, chanteurs, historiens et des images d’archives, Franck Salin nous donne à voir ce qui a poussé les Guadeloupéens à sortir dans la rue et ce qui a dérangé la métropole. Décortiquant les termes « eux » et « nous », Sur un air de révolte est à l’image du ras-le-bol des territoires ultra-marins français qui n’existent, en métropole, que lorsqu’il y a des problèmes et n’ont pas réellement de voix dans le débat national. « La loi n’est pas la même pour tout le monde », rappelle l’un des syndicalistes interviewés.
Bien qu’un proverbe dise que « La musique adoucit les mœurs », Sur un air de révolte nous montre plutôt que les mœurs ont besoin d’être adoucies. Et qu’après la décolonisation des Etats – question sensible dans les territoires ultra-marins où les mouvements indépendantistes ont souvent été matés –les citoyens ont surtout besoin d’appliquerla décolonisation des esprits et la fierté de soi.
Claire Diao
Sur un air de révolte de Franck Salin, Guadeloupe, 88min