Le Cameroun est en deuil. Emmanuel Jérôme Kundé, ancien capitaine emblématique des Lions Indomptables, s’est éteint le vendredi 16 mai 2025 à Yaoundé, à l’âge de 68 ans. Figure incontournable du football africain, Kundé a marqué toute une génération par son talent, son charisme et son leadership sur et en dehors du terrain.

Né le 15 juillet 1956 à Ndom, dans la région du Centre, Kundé débute le football dans les années 1970 à Mbankomo Club, avant de rejoindre la Tempête de Nanga Eboko. C’est cependant au Canon de Yaoundé, où il évolue pendant une décennie, qu’il s’impose comme un pilier du football camerounais.
Sélectionné pour la première fois en 1979, il portera le maillot des Lions Indomptables à 127 reprises, inscrivant 15 buts. Polyvalent, il évolue tantôt comme milieu défensif, tantôt comme défenseur central, se distinguant par la précision de ses passes et la puissance de ses coups de pied arrêtés.
Il dispute six Coupes d’Afrique des Nations, remportant deux titres, en 1984 puis en 1988. C’est d’ailleurs lui qui inscrit l’unique but de la finale de la CAN 1988 contre le Nigeria, sur un penalty resté célèbre dans la mémoire des supporters.
Mais Emmanuel Kundé, c’est aussi la Coupe du Monde 1990, en Italie. Capitaine de l’équipe nationale, il conduit le Cameroun en quarts de finale — une première pour une nation africaine — aux côtés de légendes comme Roger Milla, Thomas Nkono ou encore François Omam-Biyick. Cette performance historique propulse les Lions Indomptables dans la légende.
À l’étranger, il joue en France au Stade Lavallois (1987-1988), puis au Stade de Reims, disputant au total 46 matchs dans le championnat français avant de revenir terminer sa carrière au pays, au Prévoyance Yaoundé puis à l’Olympique Mvolyé.
Jusqu’à ses derniers jours, il restait actif dans le milieu du sport, encadrant de jeunes talents dans son quartier de Yaoundé. Sa disparition brutale, alors qu’il paraissait en forme malgré une maladie récente, a surpris tout son entourage. Il avait été aperçu la veille en compagnie de jeunes joueurs.
Les hommages se multiplient. Joseph-Antoine Bell évoque « un type bien, arrivé au bon moment avec des résultats », Roger Milla parle de « pièce importante de notre équipe nationale », et Claude Le Roy, ancien sélectionneur, le décrit comme « le prototype du joueur moderne, capable de tout faire techniquement ».
Avec la disparition d’Emmanuel Kundé, le Cameroun perd bien plus qu’un footballeur : il perd un capitaine, un guide, une mémoire vivante du football africain.
Abraham BAYILI